La santé de notre cerveau : état des lieux
A l'heure actuelle, nous entendons parler de plus en plus de maladies neurodégénératives.
Qui n'a pas, de nos jours, un aïeul, un parent, un ami, un collègue atteint de sclérose en plaque, de maladie de Huntington, de Parkinson ou d'Alzheimer pour ne citer que les plus célèbres.
Selon les données de la sécurité sociale, 1 millions de personnes étaient atteintes de démence du type Alzheimer en France en 2018 et environ 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année [1].
D'après les données de Santé Publique France, 160 000 patients parkinsoniens étaient diagnostiqués fin 2015, avec environ 25 000 nouveaux cas par an. Signalons que 17% des nouveaux cas étaient âgés de moins de 65 ans et qu'en 2030, le nombre de patients parkinsoniens pourrait augmenter de 56%[2].
D'après l'Inserm, la maladie de Huntington concerne 18 000 personnes en France ; elle débute habituellement entre 30 et 50 ans, avec des extrêmes de 1 à 80 ans [3].
Enfin, en France, plus de 110 000 personnes sont atteintes de sclérose en plaques et 5 000 nouveaux diagnostiqués chaque année. Dans 70% des cas, la maladie débute entre 25 et 35 ans [4].
Le constat est donc extrêmement alarmant : il ne fait aucun doute que les maladies neurodégénératives vont devenir une préoccupation de tout premier ordre dans un futur proche. En effet, avec un nombre de malades de plus en plus important, le coût global des soins et des structures d’accueil spécialisées risque de devenir une charge financière de premier ordre pour nos sociétés.
Et bien plus tragique, des drames familiaux se dessinent pour l'accompagnement de nos proches, ces maladies étant de véritables désastres émotionnels.
Alors que faire?
Comment protéger notre cerveau de ces dérives? Comment soutenir malgré tout nos proches atteints?
Vous serez soulagez d'apprendre qu'il existe des pistes naturelles pour prévenir et améliorer la santé de notre cerveau. Mais d'abord, voyageons à l'intérieur de notre boîte crânienne...
A la découverte de notre cerveau
Le cerveau pèse en moyenne 1.3 kg, soit 2% du poids du corps. Pourtant, il consomme 250 kcal, soit 20% des besoins énergétiques journaliers d'un adulte au repos. C'est l'équivalent d'une ampoule de 38 watts/h allumée en permanence dans la tête! On pourrait penser que c'est beaucoup, puisque son rapport poids/besoins énergétiques en fait l'organe de plus coûteux du corps humain.
Pourtant, le cerveau contient 100 milliards de neurones (autant que d'étoiles dans notre galaxie), le neurone étant l'unité fonctionnelle du cerveau, et 10 fois plus de cellules gliales (ces cellules qui nettoient, nourrissent, protègent nos neurones). Chacun de ces neurones possède 1 000 à 10 000 synapses, qui permettent autant de connexions. Le nombre de connexions possibles dans notre cerveau s'élèvent donc au minimum à 100 milliards x 1 000 = 10 puissance 14.
Ajoutons à cela que le nombre de potentiels d'action électrique s'élèvent à 10 à 100 milliards par seconde, nous pouvons aisément estimer que notre cerveau, qui ne consomme pas plus qu'une ampoule standard, est bien plus performant, et de très loin, que n'importe lequel de nos appareils électriques!!
Le cerveau, c'est également une usine chimique car ce sont les neurotransmetteurs, messages chimiques, qui communiquent les informations par les fentes synaptiques. Les principaux sont la dopamine, l'acétylcholine, la sérotonine, l'adrénaline, la noradrénaline et le GABA, mais on pourrait en ajouter des dizaines d'autres : l'ocytocine, l'histamine, les enképhaline, les endorphines...
D'autre part, le cerveau c'est 20% de notre consommation en oxygène et en glucose. Quelques minutes sans oxygène suffisent à faire mourir les neurones, quelques minutes sans glucose suffisent pour une altération de la conscience ou coma. Le système nerveux central ne possède pas de réserve, d'où l'importance d'avoir une circulation vasculaire fluide et équilibrée. La circulation cérébrale représente 25% du débit cardiaque.
Enfin, le système nerveux central est très fragile, très vulnérable aux substances toxiques. Pour le protéger, il existe une barrière hémato-encéphalique (BHE), composée de jonctions endothéliales serrées, qui filtre les apports. Les agents infectieux, leucocytes, anticorps, métaux lourds, xénobiotiques, produits phytosanitaires divers et variés ne devraient donc pas atteindre le cerveau. C'est pour cette raison que les tumeurs cérébrales ne sont pas traitées par chimiothérapie : les médicaments ne passent pas ou pas assez la BHE pour être efficients.
Vous l'aurez compris, notre cerveau est une merveille, une prouesse inouïe de l'évolution. Même avec nos maigres connaissances, nous peinons à appréhender son fonctionnement et son potentiel.
Alors que se passe-t-il lors de la dégénérescence?
œuvres du Dr Greg Dunn, "neuro artiste" [5]
Le mécanisme de la neurodégénérescence
Les maladies neurodégénératives se caractérisent par la perte progressive de cellules corticales (neurones et parfois cellules gliales) dans des zones plus ou moins localisés du système nerveux central, entraînant des handicaps sensitifs, moteurs ou cognitifs de plus en plus importants au fur et à mesure de l'évolution. Les causes de ce type de maladies n'étant pas connues avec précision, la médecine conventionnelle ne propose pas véritablement de traitements curatif. Elles constituent donc pour le malade comme pour ses proches, l'annonce d'une longue descente aux enfers.
Certaines hypothèses sont pourtant avancées par les neurologues quant à des causes éventuelles.
- En premier lieu, la génétique semble impliquée dans certains cas. Pour un grand nombre de patients atteints, il n’y a pas à proprement parler de facteurs héréditaires mais plutôt une prédisposition génétique.
- Deuxièmement, la présence de produits chimiques (pesticides, métaux lourds) qui peut induire une possible intoxication cérébrale chez ces patients.
- Enfin, les prions [6] ont aussi été identifiés comme coupables des encéphalopathies spongiformes transmissibles ou maladie de maladie de Creutzfeldt-Jakob.
Cependant, il ne s'agit que de pistes ; il existe bien d'autres causes au déclenchement de ces types de maladie, mais celles-ci n'ont pas été clairement établies.
Pourtant, il existe un point commun à toutes ces maladies : la neuro-inflammation.
La piste naturopathique : la neuro-inflammation
D'après l'Inserm : "L’un des mécanismes physiopathologiques majeurs de nombreux troubles neurologiques aigus ou chroniques (lésions cérébrales, sclérose en plaque, maladie démyélinisantes, Parkinson, Alzheimer, dépression, douleur...) est la mise en place de processus neuro-inflammatoires persistants dans le système nerveux. La neuro-inflammation est caractérisée par l’activation des cellules gliales (microglie et astrocytes) et s’accompagnent souvent d’une rupture de la barrière hémato-encéphalique et d’une infiltration de leucocytes [7]'.
Ainsi, comprendre les processus inflammatoires cérébraux permet :
- d'appréhender l’influence exercée par ces cellules gliales et les molécules qu’elles libèrent sur les fonctions cérébrales, ce qui représente un enjeu majeur des recherches cliniques et expérimentales,
- mais également de découvrir quels sont les agents favorisants l'inflammation pour pouvoir la prévenir ou l'inhiber, ce qui relève du domaine naturopathique.
La neuro-inflammation se manifestent par 3 marqueurs :
- une activation des microglies (macrophages du cerveau)
- une augmentation des cytokines TNFalpha et interleukines, qui témoignent d'un cercle vicieux pro-inflammatoire
- un stress oxydatif chronique entraînant un dysfonctionnement de la respiration cellulaire mitochondriale.
Ces trois marqueurs peuvent être identifiés par des signes cliniques (cerveau lourd, vaseux, stress envahissant, troubles de la mémoire, du comportement, ou de l'attention...) ou par des signes biologiques, notamment la CRP ultrasensible (demandez conseil à votre médecin).
Une fois détecté, nous pouvons agir sur les facteurs favorisants la neuro-inflammation.
La neuro-inflammation : les facteurs aggravants
L'HEREDITE
Nous l'avons vu en introduction, certaines prédispositions génétiques pourraient induire plus facilement de la neuro-inflammation chez certains sujets. Par exemple, les organismes produisant des apolipoprotéines ApoE4 développent plus la maladie d'Alzheimer que ceux dont les allèles codent pour l'ApoE2 ou l'ApoE3 [8].
Cependant, l'inégalité génétique est vraie pour toutes les maladies (diabète, dépression, maladies cardio-vasculaires...). Il s'agit dans ce cas, de prendre les dispositions de prévention spécifique aux faiblesses de son terrain.
2. L'ALIMENTATION PRO-INFLAMMATOIRE
L'alimentation moderne est pro-inflammatoire par plusieurs aspects.
En premier lieu, elle est trop riche en sucres. Les sucreries, pâtisseries, gâteaux divers, mais aussi les féculents en excès et les farines raffinées sont source d'hyperinsulinisme pro-inflammatoire.
Ensuite, les acides gras "trans' (par opposition aux acides gras 'cis' ) que l'on retrouve dans les fritures (frites, nuggets, poissons panés...), pop-corn, crackers, céréales de petits déjeuners ou produits (pizza, quiche) et pâtisseries industrielles (viennoiseries, beignets, biscuits, muffins, gâteaux...), ainsi que dans les margarines ont une configuration chimique artificielle qui non seulement n'est pas utilisable par l'organisme humain mais en plus qui l'encrasse [9].
A propos des laitages : il est prouvé que le galactose, à des doses correspondant à celles de 1 à 2 verres de lait, chez les animaux de laboratoire augmente le stress oxydatif et l’inflammation, entraînant ainsi des phénomènes de neurodégénérescence précoce, et provocant des troubles de la mémoire et un déclin cognitif [10-13]. De plus, les protéines du lait sont riches en leucine, un acide aminé stimulant la voie pro-inflammatoire. Et enfin, les acides gras sont majoritairement saturés et trans, les deux types d’acides gras les plus délétères pour le surpoids, la santé cardiovasculaire, les risques allergiques et inflammatoires.
Pour finir, la consommation de viande en excès est également un problème car, le fer et l'acide arachidonique des protéines animales sont pro-oxydants et pro-inflammatoires. Et, comme dans les produits laitiers, la viande contient naturellement de la leucine et des acides gras saturés et trans [14].
Le régime idéal serait donc, comme toute pathologie inflammatoire, de faire un régime hypotoxique : manger des protéines animales et des produits laitiers 1 à 2 fois par semaine, pour un adulte ; de bannir les produits industriels et céréales raffinées ; et de limiter les sucreries à 1 à 2 fois par mois. Pour plus de précision, je vous laisse vous référer à l'ouvrage du Dr Jean Seignalet 'l'Alimentation ou la troisième médecine'.
3. LA NEUROPERMEABILITE
L'intégrité de la paroi du SNC ou barrière hémato-encéphalique (BHE comme vu dans le 2° paragraphe) peut être compromise par divers facteurs : expositions à des produits toxiques, inflammation chronique du corps, stress chronique, alcool. Une fois que la barrière est devenue perméable, le cerveau est vulnérable. Il va être agressé par des éléments extérieurs néfastes à son fonctionnement. Il s’ensuit une cascade inflammatoire qui peut avoir de graves répercussions au niveau d’un fonctionnement cérébral : diminution lente et subtile des facultés cérébrale, sensation de brouillard mental quotidien, pertes de concentration et pertes de mémoire.
Les cellules endothéliales qui constituent la BHE possèdent des jonctions serrées, c'est-à-dire que de longues protéines appelées occludines attachent les cellules ensemble tels des rivets ou des lacets. La barrière intestinales fonctionnent de manière identique. Aussi de nombreux chercheurs ont corrélé la perméabilité cérébrale avec la perméabilité intestinale, et même avec des anomalies du microbiote intestinal.
Le Dr Campbell McBride, a initié les études en ce sens grâce à son 'syndrome entéropsychologique' : une dégradation de la flore bactérienne intestinale altère la muqueuse intestinale, qui induit à son tour une neuro-perméabilité. Ce processus est vrai pour les maladies neurodégénératives mais également l'autisme, les TDA avec ou sans hyperactivité, les dépressions ou l'anxiété.
Un supplémentation spécifique est nécessaire pour permettre la réparation des jonctions serrés et la cicatrisation des muqueuses altérées. Il est également à noter que la prise de probiotiques pour réensemencer une flore saprophyte est nécessaire.
4. LA NEUROTOXICITE
Comme énoncé plus haut, le cerveau est très vulnérable.
Voici une liste non exhaustive des substances nocives :
métaux lourds : plomb, aluminium, arsenic, manganèse, methylmercure
dérivés pétrochimiques : bisphénols, pesticides (glyphosate...), solvants (toluène, benzène...), isolants (PCB)
dérivés d'halogènes : composés per-fluorés (antiadhésif type Tefal, déperlant des vêtements...) et bromés (ignifugeant des matelas...)
drogue (acool, tabac, opiacés, morphine, héroïne, cocaïne, ecstasy, amphétamines...)
psychotropes (barbituriques, benzodiazépines, neuroleptiques, antidépresseurs...)
toxines infectieuses (tétanique, botulinique)
Il s'avère essentiel, dans une lutte contre la neuro-inflammation, de limiter au maximum l'exposition à ces substances. Cela peut paraître plus évident que ça ne l'est effectivement... Par exemple, le benzène est un COV (composé organique volatil) reconnu comme cancérigène depuis 1987 ; il constitue toutefois un précurseur important de matières plastiques que l'on retrouve dans la plupart des caoutchoucs, solvants ou autres colorants et parfums.
Il peut aussi être opportun de mettre en place une détoxication hépatique pour permettre le drainage de ces perturbateurs neurologiques.
5. LES NEURO-CARENCES
Il est primordial d'apporter au cerveau tous les éléments dont il a besoin pour fonctionner de manière optimale. Il est constitué à 78% d'eau, 10% de lipides, 8% de protéines, 1% de glucides et 1 % de sels minéraux.
En conséquence, voici ses besoins par ordre d'importance :
- H2O, l'eau!! Toute déshydratation est dommageable en premier lieu aux méninges!
- les acides gras oméga 3 (ALA, EPA, DHA) que l'on trouve dans les poissons gras et certaines huiles végétales.
- des protéines équilibrées en acides aminés essentiels (attentions aux régimes végétariens et végétaliens)
- le magnésium : l'élément primordial stabilisateur dans les fentes synaptiques
- le zinc : une carence fréquente
- le fer, l'iode, le sélénium
- les vitamines A, B, C, E
D'autre part, une balance sodium/potassium déséquilibrée est également nocive au fonctionnement neuronal. En effet, un excès d'apport en sodium Na+ par rapport à l'apport en potassium K+ peut créer des troubles de la dépolarisation neuronale dans l'axone et paralyser l'influx nerveux. Les sels marins non raffinés contiennent à la fois du Na+ et du K+ et permettent donc d'éviter ce danger.
En conclusion :
J'ajouterai qu'en plus d'une réforme alimentaire et de compléments micro nutritionnels que nous avons cités plus haut, toutes les études récentes promeuvent l'exercice physique de plein air et les étirement doux de la colonne vertébrale.
Il est également à noter que la phytothérapie, la phytoembryothérapie et la mycothérapie ont également fait leur preuve grâce aux propriétés adaptogènes, sédatives, antidépressives drainantes, détoxifiantes de certaines plantes et champignons. Je vous invite donc à contacter votre naturopathe pour que vous détailliez ensemble quels sont ceux les plus adaptés à votre problématique et votre terrain.
SOURCES: [1] https://www.vaincrealzheimer.org/la-maladie/quelques-chiffres/ [2]https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2018/maladie-de-parkinson-2-fois-plus-de-cas-en-25-ans [3]https://www.inserm.fr/dossier/huntington-maladie/ [4]https://www.arsep.org/fr/168-d%C3%A9finition%20et%20chiffres.html [5]https://www.gregadunn.com/
[10] Song X et al, Advanced glycation in D-galactose induced mouse aging model, Mech Ageing Dev, 1999; 108 : 239-51
[11]Cui X et al. Chronic systemic D-galactose exposure induces memory loss, neurodegeneration, and oxidative damage in mice: protective effects of R-alpha-lipoic acid, J Neurosci Res, 2006; 83 : 1584-90
[12]Hao L et al, The influence of gender, age and treatment time on brain oxidative stress and memory impairment induced by d-galactose in mice, Neurosci Lett, 2014 ; 571C : 45-9
[13]Cui X et al. D-galactose-caused life shortening in Drosophila melanogaster and Musca domestica is associated with oxidative stress. Biogerontology, 2004; 5: 317-25
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